Le premier ministre britannique, Keir Starmer, en visite à Rome lundi 16 septembre, a salué les « progrès remarquables » de l’Italie dans la lutte contre les filières d’immigration clandestine. Il a défendu une « approche pragmatique » de son gouvernement sur l’immigration illégale, sujet à l’origine de violentes émeutes d’extrême droite au Royaume-Uni en juillet et août.
« Vous avez fait des progrès remarquables, en travaillant d’égal à égal avec les pays se trouvant sur les routes migratoires afin de traiter, à la source, les facteurs de la migration et de contrer les réseaux, et le résultat est que les arrivées illégales par la mer en Italie ont baissé de 60 % depuis 2022 », a déclaré M. Starmer lors d’une conférence de presse avec son homologue italienne, Giorgia Meloni.
M. Starmer, qui a rejeté le plan du précédent gouvernement britannique (conservateur) d’expulser des migrants vers le Rwanda, s’est dit « intéressé » par la méthode de Mme Meloni, qui a signé en novembre un accord controversé avec Tirana prévoyant la création de deux centres pour migrants en Albanie.
Quelques heures avant la rencontre entre M. Starmer et Mme Meloni, Londres a annoncé la mise en place d’un commandement d’élite chargé de sécuriser les frontières du pays, l’une des promesses de campagne du premier ministre. Elu en juillet, il a immédiatement été confronté aux plus importantes émeutes d’extrême droite qu’ait connues le Royaume-Uni depuis 2011, qui ont visé des mosquées et des centres d’hébergement pour migrants un peu partout dans le pays.
Huit morts dans un naufrage dans la Manche
Dans la Manche, les traversées se poursuivent et les drames se succèdent : dans la nuit de samedi à dimanche, huit migrants sont morts dans le naufrage de leur embarcation de fortune au large des côtes françaises. Quarante-six personnes ont péri ainsi depuis le début de l’année.
La visite de M. Starmer en Italie a suscité des critiques jusque dans ses propres rangs. La députée travailliste Kim Johnson, interrogée par le quotidien The Guardian, a ainsi regretté qu’il « aille chercher des enseignements auprès d’un gouvernement néofasciste ». Au contraire, à Rome, le ministre de l’intérieur, Matteo Piantedosi, a exprimé sa « grande satisfaction concernant l’intérêt du premier ministre britannique pour le modèle italien ».
L’accord signé entre Rome et Tirana prévoit l’ouverture d’un premier centre dans le port de Shëngjin, dans le nord de l’Albanie, destiné à enregistrer les demandes d’asile, et d’un second dans la même région, où les migrants seront hébergés dans l’attente du traitement de leur demande. Ces deux centres – financés et gérés par l’Italie, sur le territoire d’un pays qui ne fait pas partie de l’Union européenne mais y aspire – pourront accueillir jusqu’à trois mille personnes arrivées en Italie par voie maritime.
Les migrants dont la demande d’asile sera rejetée seront renvoyés dans leur pays d’origine, tandis que ceux dont la demande est acceptée seront admis en Italie. Une différence notable avec l’ancien projet de Londres, aux termes duquel les demandeurs envoyés au Rwanda n’auraient pas pu recevoir l’asile au Royaume-Uni.