Féfé, en septembre 2023.

Féfé a toujours le sourire. Il ne le quitte rarement. Pourtant, dans son cinquième album, Hélicoptère, publié fin février et qu’il présente actuellement en tournée dans toute la France, le vernis craque. L’ex-MC du collectif Saïan Supa Crew, qui, au début des années 2000, a apporté un vent de fraîcheur sur la scène rap hexagonale en donnant des concerts d’une vitalité exceptionnelle avec leurs tubes Angela ou bien encore Soldats, a insufflé un peu de blues dans ses nouvelles chansons entre soul et folk agrémentées là de soukouss ou, ici, d’énergie 100 % dancehall. Dans le morceau qui clôt le disque, Sourire de verre, il écrit ainsi : « Je l’affiche comme une enseigne, ce sourire sans réserve/Mais l’bonheur est loin d’être un produit maison. »

Assis dans un café proche du quartier Bastille, à Paris, où il réside et où il a écrit et composé à la guitare l’intégralité de ses chansons, confiées ensuite à plusieurs producteurs « pour sortir de sa zone de confort », Féfé, de son vrai nom Samuel Adebiyi, 48 ans, avoue : « Que ce disque existe, c’est déjà une victoire. J’ai fait une grosse dépression. Je ne savais pas ce que c’était avant de le vivre. J’ai compris que, sans musique, je ne vis pas. Si je ne crée pas, je n’ai plus d’utilité. Je suis père de famille, certes, mais la musique, c’est aussi ce qui m’anime. »

L’air de rien, le chanteur-rappeur-auteur-compositeur a aussi vingt-cinq ans de carrière derrière lui sous le nom de Feniksi, pseudo au sein de son premier groupe, OFX, puis du collectif Saïan Supa Crew ensuite avec ses disques solos dont Jeune à la retraite, certifié disque d’or en 2009. Mais aussi en association avec son collègue Leroy, l’album 365, dont la tournée d’une centaine de dates a été annulée à cause de la pandémie de Covid-19.

Au-dessus de la mêlée

Des confinements passés à se retrouver seul face à lui-même, à comprendre qu’après avoir retrouvé de manière heureuse son père au Nigeria, « il n’a plus personne contre qui se construire ». Féfé a changé de label, de management, et tire le bilan de ce long « marathon » qu’est une carrière artistique. Et non pas le sprint ni la compétition auxquels se livrent souvent les rappeurs au nom du « rap game », d’où cette analogie en ouverture de son nouvel album : « Si le game est une course, j’arrive en hélicoptère ».

Au-dessus de la mêlée ou du peloton en quelque sorte. « Je vois le rap comme une course cycliste, explique-t-il. Avec les Saïan Supa Crew, déjà, nous étions les seuls mecs qui n’avaient pas compris qu’il fallait être dans le peloton de tête. Aujourd’hui, je suis encore dans mon nuage, je mate les paysages, je regarde de temps en temps les autres se battre comme si j’étais dans l’hélicoptère avec les journalistes qui filment la course. »

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