Au deuxième étage du tribunal de Paris, dans une petite salle de l’immense édifice en verre, le procès vient de commencer. Les cinq prévenus finissent à peine de confirmer leur identité que, déjà, la présidente de la 23ᵉ chambre correctionnelle s’agace. Pour préparer l’audience, la magistrate a lu leurs dénégations. Des pages de procès-verbaux, par dizaines. Une litanie d’esquives verbales, un éventail de « Je n’ai rien à voir avec cette histoire », de « Je n’ai plus de souvenirs », de réponses monosyllabiques ou de « Je ne m’expliquerai que devant le juge ». En cette fin d’après-midi du 18 janvier, voici le moment venu. Lunettes et cheveux en désordre, la présidente met en garde : « Vos déclarations qui partent dans tous les sens et les ADN qui s’envolent, on ne va pas passer des heures là-dessus, je vous le dis tout de suite. »

L’avertissement glisse sur les solides épaules de Mamadou C. Non, il n’a pas participé, dans la nuit du 16 au 17 novembre 2022, au cambriolage du luxueux appartement de la princesse Patricia della Giovampaola d’Arenberg, à deux pas du parc Monceau, dans le chic 8arrondissement. Cette nuit-là, puis la suivante, en l’absence de la propriétaire, ont été dérobés des bijoux, une quinzaine de sacs Judith Leiber – 4 500 euros l’unité –, des sacs Hermès en croco, certains marqués des initiales « PDG », des valises Louis Vuitton, des chaussures Louboutin, une veste en cuir Balmain d’une valeur de 13 000 euros et tout ce que la maroquinerie de luxe sait inventer. Le préjudice est estimé à plus de 300 000 euros.

Les cambrioleurs ont escaladé une grille, puis se sont introduits par un balcon et une fenêtre au premier étage. Deux semaines avant, dans le supplément hebdomadaire du journal espagnol El País, la princesse s’était prêtée aux jeux des photos, sur son balcon avec vue sur le parc, pour un article « décoration » offrant de ­précieux détails sur ce « merveilleux cabinet de curiosités ». De quoi donner des idées, du côté de la Goutte-d’Or. Car, depuis quelques années, le quartier populaire du 18arrondissement de Paris a acquis une sérieuse réputation en matière de cambriolage de célébrités.

« Arrêtez de raconter n’importe quoi ! »

Dans ce dossier, Mamadou C., 22 ans, traîne une kyrielle de boulets. Il y a, d’abord, son interpellation, le 17 novembre à 1 h 20 du matin, dans un parking du 13arrondissement de Paris, à proximité d’une Mercedes noire où se trouvaient deux acolytes, jugés à ses côtés. A la vue des policiers de la brigade anticriminalité, « Mady » (son surnom) a tenté de fuir. Puis a donné une fausse identité, vite éventée. Il y a aussi, à l’intérieur de la Mercedes, des sacs de luxe, les mêmes que ceux de la princesse. Mais aussi des gants, des cagoules et un tournevis sur lesquels les enquêteurs ont trouvé son ADN. Comme sur le volet fracturé de l’appartement cambriolé.

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